خاص بالمشرفين والسادة المدرسين (7

[Nagui]

Nicolas Sarkozy. La visite du président français et de sa compagne Carla Bruni, et surtout le périple de Louqsor ont défrayé la chronique. Cela a permis, entre autres, de remettre en valeur l’Egypte comme cible touristique pour les Français.
Sarko au pays des pharaons
« Nicolas ! », « Carla ! » : les touristes interpellaient mercredi matin pour une photo-souvenir le président français Nicolas Sarkozy, qui a amené sa nouvelle compagne Carla Bruni visiter la Vallée des Rois à Louqsor, qui fut leur première excursion de leur voyage privé en Egypte.
Après un déjeuner sur le Nil à bord d’une felouque, le couple —accompagné notamment de l’un des fils du chef de l’Etat, Pierre, et de sa fiancée restés discrets — a mis le cap sur le site archéologique de Karnak, jouant gentiment au chat et à la souris avec de nombreux photographes professionnels. Ces derniers ont multiplié les clichés, surtout lorsque Carla Bruni embrassait son ami sur la joue, une scène répétée plusieurs fois au cours de ce périple.
Menant sa journée tambour battant comme à son habitude, M. Sarkozy a aussi entrepris un jogging en début de soirée sur la corniche qui longe l’hôtel de luxe où il loge. En tenue décontractée, chemise à carreaux pour Monsieur, en voile blanc pour Madame, Nicolas Sarkozy et sa compagne ont commencé leur journée en explorant, sans jamais quitter la main de l’autre, deux tombeaux de pharaons de la Vallée des Rois, un site désertique au creux de montagnes rocailleuses.
« C’est beau ! », s’est simplement exclamé le chef de l’Etat, tout sourire, à l’attention d’un journaliste de l’AFP qui l’interrogeait sur ce début de vacances, avant de demander aux photographes de les « laisser deux minutes ». Jouant aux paparazzis, des touristes de toutes nationalités, perchés sur des rochers ont attendu eux aussi, appareil photo en joue, la sortie du couple VIP de la sépulture de Séti Ier, la plus belle de toutes et exceptionnellement ouverte.
« Mister President », lance un Anglais qui veut attirer l’attention du président pour immortaliser la scène. M. Sarkozy, encadré par des hommes en civil, salue d’un geste de la main.
Serge et Martine, de Paris, les suivent jusqu’à la sortie. Que pensent-ils de cette romance affichée au grand jour deux mois après le divorce du chef de l’Etat ? « C’est leur vie. Ils font ce qu’ils veulent », estime Martine. Le convoi, d’au moins une quinzaine de voitures, escorte la Mercedes noire du président. Direction le temple à la gloire de Ramsès II, à quelques encablures.
Au milieu des impressionnantes statues osiriaques, le président sert volontiers des mains et ne se fait pas prier pour poser avec une famille de Français. Il s’éloigne alors de Carla Bruni, mais pour quelques secondes seulement avant qu’elle ne lui reprenne le bras. Sur la felouque, un bateau traditionnel à voiles, où a été dressée une table pour le déjeuner, elle le câline posant amoureusement la tête sur son dos. Après deux heures passées sur le fleuve, le couple s’est rendu à Karnak, autre site grandiose de l’Egypte pharaonique.
Le lendemain, le couple a profité de cette dernière matinée dans l’ancienne capitale de l’Egypte pharaonique pour visiter la Vallée des Reines, site des sépultures des épouses de pharaons.
M. Sarkozy et Carla Bruni, épaule contre épaule, sont descendus dans deux tombes. Celle de Néfertari, l’épouse préférée de Ramsès II qui a régné 67 ans et dont le couple a visité la veille le temple érigé à sa gloire, a été exceptionnellement ouverte. « Notre guide nous a dit qu’il fallait débourser 150 euros par personne pour pouvoir la visiter », a expliqué à la presse une touriste française. « Il nous a dit qu’il allait demander à ce qu’elle reste ouverte pour qu’on puisse la visiter nous aussi », a-t-elle ajouté.
Le président français, en chemise kaki, s’est une fois de plus prêté facilement au jeu des photos avec les touristes, acceptant même de poser avec Carla Bruni, chemisette noire près du corps, pour des Egyptiens travaillant sur le site archéologique.
Un gain pour le tourisme
Cette escapade très médiatisée fait les affaires des tour-opérateurs, au moment où la destination bénéficie d’un retour en grâce auprès des touristes français après deux années difficiles. Ravis de cette publicité inédite pour un pays qui avait été boudé par les Français en 2005 et 2006 en raison de la peur d’attentats et des doutes sur la sécurité des avions égyptiens, les voyagistes français ne cachent pas leur satisfaction.
Grâce aux images du couple qui ont fait le tour du monde, « il va y avoir un rush de touristes sur la destination, alors que les réservations battent déjà leur plein pour 2008 », prédit Isabelle Etienne-Hervieu, chef de produit Egypte chez Sti-Voyages. « Cela fait une belle pub à l’Egypte. En visitant Louqsor, cité des pharaons sur les bords du Nil, et Charm Al-Cheikh sur la mer Rouge, le président met en valeur à la fois l’aspect culturel et balnéaire de la destination », se réjouit-on chez Fram.
Avant même ce coup de pouce présidentiel, l’Egypte a su redorer son blason auprès des touristes français, dont le nombre a grimpé en 2007 de 28 %, à 473 000, selon son office de tourisme à Paris. Un net regain d’intérêt a aussi été constaté par l’Association de tour-opérateurs français (Ceto). « L’année 2008 sera exceptionnelle pour l’Egypte », témoigne Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, qui a noté « un bond de 100 % » des réservations. Pour lui, le voyage présidentiel « aura un impact positif sur la perception de l’image du pays en matière de sécurité ».
La destination avait commencé à fléchir après la catastrophe aérienne de Charm Al-Cheikh en janvier 2004, doublée d’une série d’attentats dans la péninsule du Sinaï en octobre 2004 (Taba), juillet 2005 (Charm Al-Cheikh) et avril 2006 (Dahab). « L’Egypte a pâti temporairement d’une image de manque de qualité de son transport aérien, ce qui a fait baisser le marché français, mais depuis six mois, il y a un véritable boom », constate Emmanuel Foiry, PDG de Kuoni. Voyageurs du Monde et Kuoni ont dans leur programme le Old Winter Palace, hôtel 5 étoiles à l’enseigne Sofitel géré par le groupe Accor. « Des suites de l’hôtel, on a une vue splendide sur le Nil », s’enthousiasme Jean-François Rial. Cette bâtisse au charme colonial, construite en 1886, « fait partie des hôtels mythiques de l’Egypte, avec le Old Cataract à Assouan », renchérit Emmanuel Foiry.
C’est au Old Cataract, autre fleuron d’Accor, que le président François Mitterrand avait ses habitudes. Il y passa son ultime réveillon de Noël en 1995, juste avant sa mort.
« Le voyage de Nicolas Sarkozy contribue certes à la notoriété de l’Egypte pour les Français. Mais je ne pense pas que le choix de destination des Français soit influencé par les vacances présidentielles », a toutefois tempéré le PDG de Kuoni.
Faut-il oublier Mitterrand ?
Evidemment, cet engouement présidentiel français pour l’Egypte ne fait guère oublier François Mitterrand. Lui aussi aimait beaucoup l’Egypte. L’ancien président français y passait presque tous les ans les fêtes de Noël, logeant dans une résidence de son homologue égyptien, Hosni Moubarak, ou fréquentant le mythique hôtel Old Cataract, à Assouan, à 900 kilomètres du Caire. Construit à la fin du XIXe siècle, en 1889, et entièrement rénové en 1992, doté d’une grande piscine extérieure, ce palace de style victorien est situé sur la corniche d’Assouan, en face de l’île Eléphantine et non loin du Musée nubien, rappelle le quotidien parisien Le Figaro.
Destiné à recevoir des hôtes de marque, ce palais royal a été reconverti en hôtel de luxe, tout en conservant le charme oriental des origines : moucharabieh, marbre poli, vitraux teintés, plafonds voûtés polychromes et dômes. L’Old Cataract a été fréquenté par des personnalités du monde des lettres, parmi lesquelles Agatha Christie (qui y écrira une partie de son célèbre roman policier Mort sur le Nil, en 1933), ou de la politique, comme l’ancien premier ministre britannique Winston Churchill.
C’est à l’Old Cataract que François Mitterrand prit la décision de se représenter à l’Elysée, en décembre 1987. C’est là encore que l’ancien chef de l’Etat a passé son dernier réveillon, en compagnie d’Anne Pingeot et de leur fille Mazarine en décembre 1995, quelques jours avant sa mort, le 8 janvier 1996. Les paparazzis l’avaient traqué pour immortaliser ce dernier Noël en Haute-Egypte.
Enfin, alors que Nicolas Sarkozy quittait Louqsor, Tony Blair, en Egypte depuis lundi, y arrivait à son tour. La terre des pharaons reste bien une passion 2 Janvier 2008-05-17